Il ne le dit pas franchement mais tout, dans son attitude et ses
paroles, en atteste: le naufrage de l'«Erika» a occupé un mois de sa vie, maintenant le patron de TotalFina est en train de passer à autre chose.
Il s'est excusé, il s'est montré prêt à payer toutes les sommes nécessaires, il a affiché son intention de durcir les règles de contrôle et d'affrètement des bateaux; il est temps de tourner une page. «J'essaie de prendre tout cela avec philosophie», a reconnu hier Thierry Desmarest au cours d'une conférence de presse. «On avait couvert de louanges à l'excès TotalFina cet été (lors de la bataille gagnée contre Elf Aquitaine, ndlr), on nous a couvert de critiques à l'excès depuis l'affaire de l'"Erika. Quand vous êtes l'acteur le plus connu, on est amené à vous coller toutes les responsabilités sur le dos.» L'homme est un peu plus tassé, un peu plus grisonnant peut-être («il a vieilli», dit son entourage, touché), mais la voix ne s'altère jamais, le sourire de bon élève est toujours plaqué sur le visage, Thierry Desmarest est une belle mécanique, impeccablement huilée, qui ne s'enraye pas pour un incident dont il ne s'est jamais considéré il l'a encore répété hier juridiquement responsable.
Il faut reconnaître que la mécanique a toutes les raisons de s'emballer. Le groupe TotalFina est dans une forme éblouissante. Il a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 42 milliards d'euros (273 milliards de francs), en hausse de 20% par rapport à celui de 1998, et sur