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Libération
Interview

Cofondateur de la Confédération paysanne. Non officiel à Davos. José Bové: «Le mélange entre intérêts politiques et financiers est détestable»

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publié le 29 janvier 2000 à 21h34

José Bové, agriculteur sur le plateau du Larzac (Aveyron), est un

des fondateurs de la Confédération paysanne.

Que venez-vous combattre à Davos?

Davos n'est pas Seattle. Il ne s'agit pas d'une réunion de ministres pour prendre des décisions sur le commerce mondial, mais d'un forum privé qui prétend être au coeur du débat sur l'avenir du monde. Si Davos n'était que cela, nous ne ferions pas le déplacement. Le problème, c'est qu'il y a deux forums. L'un est public. L'autre est non-officiel, voire secret, et il abrite tous les contacts et les discussions qui ont lieu en coulisses entre les multinationales et les chefs d'Etat et de gouvernement. Discussions qui portent non seulement sur des contrats, mais aussi sur des politiques à suivre. On s'est rendu compte, avec quelques années de retard, que des décisions concernant le pipe-line entre la Russie et la Turquie, la politique kurde ou la Birmanie ont été préparées dans les salons discrets de Davos. Ce que nous venons dénoncer, c'est que des multinationales se donnent le rôle de «global leaders», comme on dit à Davos, dans les relations internationales. Et qu'elles passent trop souvent par-dessus la volonté des gouvernements et des citoyens.

N'est-il pas normal que les entreprises et les gouvernements se parlent?

C'est le mélange des genres entre politique et intérêts financiers qui est détestable. Si Bill Clinton, par exemple, est financé par Monsanto, il ne faut pas s'étonner des positions qu'il a pu prendre sur la question des O