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Enquête

GRAND ANGLE. Enquête sur les pavillons de complaisance à Malte. Le faux pont maltais.

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Y a-t-il de vrais contrôles pour les navires immatriculés à Malte? Après le naufrage de l'«Erika», «Libération» est allé voir ce que signifiait «battre pavillon maltais».
publié le 31 janvier 2000 à 21h33
(mis à jour le 31 janvier 2000 à 21h33)

La Valette, envoyé spécial.

Une dizaine d'uniformes bleus dévalent l'escalier métallique qui flanque la coque d'un petit rafiot rongé par la rouille. Sur un sol couvert de limaille, Toni range sa pince à souder. Ancien ouvrier de la Malta Drydocks Corporation, entreprise spécialisée dans la réparation des bateaux de gros tonnage, Tony coupe, tord et assemble des tôles depuis près de trente ans. Sur le visage couleur rouille, l'étonnement reste le même lorsqu'il évoque le naufrage de l'Erika. «Ce dinosaure des mers faisait partie des rares navires sous pavillon maltais à être passé par La Valette, se souvient-il. C'était il y a quelques mois. Il était là: son aspect ne paraissait pas des plus dégradés.» Il pointe du doigt une partie des quais du port, en contrebas des remparts de l'ancienne ville garnison fortifiée au XVIe siècle par les chevaliers de Saint-Jean. Des remparts bien modestes aujourd'hui, surtout lorsqu'un gros navire accoste à Malte, où sont stockés les registres de près de 1 700 vaisseaux. Le drapeau de l'île aux bâtisses de pierres jaunes, surnommé «l'abeille», claque à tous les vents, planté à la proue d'une flotte hétéroclite de tankers et de vraquiers, de minéraliers et de chimiquiers, de porte-conteneurs et de cargos, de ferries et de paquebots. De tout tonnage et de toute condition. Un record qui place ce minuscule bout d'Europe, long de 27 kilomètres sur seize de large, au 4e rang de la flotte maritime mondiale. Et qui représente un capital précieux, à d