Bill Clinton, célébrant les neuf ans de croissance économique
ininterrompue, l'a admis: les inégalités sociales restent trop criantes aux Etats-Unis. Si les fondateurs de start-up figurent parmi les Américains les plus riches, alors que certains ont à peine 30 ans, d'autres tirent le diable par la queue; le chômage a diminué (4,1% aujourd'hui contre 7,5% en 1992), mais la disparité des revenus s'est aggravée avec l'envolée de la Bourse. De fait, les 5% les moins riches de la population ont vu leurs revenus augmenter de 100 dollars en dix ans, soit le prix d'achat d'un CD chaque année. Libération dresse les portraits de trois acteurs du paysage économique, disposant chacun de qualifications, de revenus et d'expériences différentes. Trois histoires qui permettent de comprendre que le boom, extraordinaire pour certains, n'a pas profité à tous.
Maria Coleman-Dugger : «J'ai mis mes rêves de côté».
Montclair (New Jersey), envoyé spécial.
«Ma grand-mère disait toujours que la bourse, c'est pour les riches. Et je crois qu'elle avait raison. Ceux qui ont de l'argent en ont encore un peu plus. Les autres se débrouillent comme ils peuvent.» Assise au milieu de son petit trois pièces, au sud de Montclair, dans le New Jersey, Maria Coleman-Dugger esquisse un haussement d'épaules. Elle dit qu'elle s'est habituée à vivre «au jour le jour, en attendant les chèques de fin de mois». Mais refuse de se lamenter. «Il y a beaucoup de personnes qui sont bien plus en difficulté que nous. Il faut persév