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Libération

Dans le Périgord, la révolte des forçats de la noix.En grève depuis dix jours, les ouvriers demandent des salaires plus décents.

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publié le 3 février 2000 à 22h28

Terrasson envoyé spécial

Le patron de la SA Fruisec a fait un «gros effort». Il leur a promis 5 centimes d'augmentation tout de suite et 5 centimes, si tout va bien, au mois de septembre. Mais les casseurs de noix de Terrasson sont têtus: ils voulaient 50 centimes de mieux par kilo énoisé, «ou bien ce sera la grève». Ils ont cessé le travail voilà 10 jours.

Un sac de coquilles brûle dans la cour pour réchauffer le piquet de grève. Quatre fourgonnettes empêchent tout mouvement aux entrepôts de la société. Il y a encore des guerres sociales, comme ici dans le Périgord, qui peuvent s'ouvrir pour 1 franc d'augmentation de l'heure. Une heure, c'est le temps approximatif nécessaire pour casser et trier de 2 à 4 kilos de noix. C'est au fond de cette impasse du quartier de la Borie-Basse que les 60 travailleurs à domicile de Terrasson viennent tous les lundis chercher les sacs de noix qu'ils casseront chez eux. «L'énoisage d'un kilo nous est payé trois francs.» Fadime refait le noeud de son foulard coloré. C'est elle et deux amies qui ont suscité le mouvement: «On n'a pas été augmenté depuis sept ans, souffle-t-elle. Tout le monde était d'accord pour arrêter de se crever pour rien.» En famille. Les petites barres HLM du Maraval sont derrière les premiers champs sur la route de Périgueux. Il y a en ville les maisons de pierre qui surplombent la Vézère et, un peu plus loin, le béton mal vieilli d'un groupe scolaire qui ne surplombe rien du tout dans un pré. Les restaurants ouvriers s