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Libération

Pas de charité pour les employées de l'hôpital de Mützig. Le personnel, en grève, accuse le directeur de harcèlement moral. Atmosphère.

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publié le 4 février 2000 à 22h27

Mützig (Bas-Rhin), envoyée spéciale.

Le hall de l'hôpital présente les signes manifestes d'une occupation de longue durée. Il y a des chips, du café, des bananes («pour donner du tonus») et du chocolat («contre le stress»). Rangés dans un coin, les matelas pneumatiques et les sacs de couchage. Au mur est affichée la liste des généreux bienfaiteurs: des pâtissiers ont fourni les croissants, deux restaurateurs ont livré gracieusement des repas, des particuliers ont cuisiné des gâteaux, le club de pétanque a offert le papier des tracts. Une dame tricote, une autre fait de la broderie. Le mercredi, les enfants passent un moment et, le soir, les maris viennent soutenir leurs femmes en lutte.

Calmants et antidépresseurs. A l'initiative de la CGT, la moitié du personnel de l'hôpital de Mützig, établissement de moyens et longs séjours en gériatrie, est en grève depuis dix jours. Les grévistes (19 femmes, 2 hommes) réclament «la démission du directeur», Gilbert Contout, accusé de «harcèlement moral». Isabelle S., Muriel O., Jeanne-Françoise E., Gilberte B. et les autres n'en finissent plus d'évoquer les petites humiliations quotidiennes, celles dont on ne parle jamais, et qu'on soigne à coups de calmants et d'antidépresseurs. Une aide-soignante se souvient qu'elle a été un jour sanctionnée pour «abandon de poste» alors qu'elle avait dû être hospitalisée en urgence ­ elle avait pourtant fourni un certificat d'hospitalisation dans les règles.

Mutée d'office. Une infirmière raconte comment