Avant Noël, l'action d'Amazon.com était en baisse de 38%. Il a suffi
au supermarché électronique d'annoncer le 2 février des pertes records 185 millions de dollars pour le 4e trimestre 1999, environ 1,24 milliard de francs (1) pour que l'action bondisse jeudi de 21%. Après une telle annonce, on se serait plutôt imaginé des investisseurs consternés. Mais voilà, à nouvelle économie, nouvelle rationalité. Amazon.com est loin d'être un cas isolé. La quasi-totalité des entreprises qui réussissent leurs introductions en Bourse présente des pertes colossales. Au point qu'on peut se demander comment d'autres entreprises de l'Internet (Yahoo, Ebay ") alignent des profits depuis plusieurs années sans inquiéter la Bourse.
Paradoxe. Comment en arrive-t-on à un tel paradoxe? Pour les investisseurs, ces pertes sont normales, presque rassurantes. Elles laissent supposer que l'entreprise, lancée dans une politique d'expansion de ses activités et de ses implantations, captera une part importante du marché. Aujourd'hui, les investisseurs achètent un potentiel, une capacité à faire des profits à long terme. De fait, Amazon.com investit massivement pour ajouter des produits à son site, et pour s'étendre géographiquement. Ainsi, l'entreprise ouvrira prochainement une filiale française. L'équipe est en cours de recrutement. Les embauches se comptent par dizaines.
En outre, Amazon.com a toujours de bonnes nouvelles à annoncer en même temps que ses pertes: une hausse du chiffre d'affaires plus for