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Libération
Interview

Rubens Ricupero, secrétaire général de la Cnuced: «les pauvres, perdants de la mondialisation». Le «syndicat» des pays du Sud se réunit à Bangkok.

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publié le 11 février 2000 à 22h19

Genève, envoyé spécial.

Le Brésilien Rubens Ricupero, 63 ans, est secrétaire général de la Cnuced depuis septembre 1995. Professeur de relations internationales, il a été ministre des Finances du Brésil, ambassadeur à l'ONU aux Etats-Unis et en Italie. Pour Libération, il revient sur l'évolution de la mondialisation.

La mondialisation ne peut-elle pas aider les pays du Sud à s'en sortir?

C'est le contraire qui se passe. Le Sud et les gens les plus pauvres des pays riches s'avèrent les grands perdants de la mondialisation. Pour la première fois depuis 1998, la croissance économique des pays développés est plus forte que dans les pays en développement (PED). Il y a dix ans, déjà les 20% les plus riches gagnaient 50 fois plus que les 20% les plus pauvres. Aujourd'hui, c'est 150 fois plus! Un système qui met sur la touche 5 milliards d'humains perd de sa légitimité et ne peut survivre longtemps. Pourquoi l'intégration économique n'aide-t-elle pas les pays en développement?

L'univers économique actuel est myope. La libéralisation de l'économie, qui se conjugue avec la mondialisation, exacerbe la férocité de la concurrence et l'instabilité financière. Les secteurs jadis protégés (agriculture, textile") se retrouvent plongés dans la compétition internationale. Les capitaux sont plus volatils que jamais. Dans ce jeu, les gagnants sont les mieux protégés, les plus puissants, le grands détenteurs de savoir. Pour fonctionner, un jeu a besoin de règles, d'un arbitre et surtout d'entraîneme