Vivre avec le Smic, Simone, 50 ans, sait ce que cela signifie.
Ouvrière depuis trente ans dans le secteur automobile, elle n'a jamais vu son salaire décoller.
«Je suis entrée à l'usine à 14 ans, comme toutes mes copines. J'ai changé trois fois d'employeurs, en trente ans. Et je n'ai jamais pu mieux gagner ma vie. Sur ma première paye, en août 1964, j'étais payée 1,41 franc de l'heure. Aujourd'hui, je gagne 40,72 francs brut de l'heure, à raison de 39 heures de travail à la chaîne par semaine. C'est tout ce que je peux espérer. Je n'ai pas de diplôme, à part mon certificat d'études. Je deviens vieille.
«On préfère mettre des jeunes»
«Pour gagner plus, il faudrait que je passe contrôleuse, c'est-à-dire que je surveille la production des collègues. Et même ça, je suis pas sûre que je saurais le faire. Et puis on préfère mettre des jeunes à ce poste-là. Il faut s'y connaître un peu en informatique, et pas question de faire la moindre erreur dans les vérifications. Sinon les conteneurs sont retournés par les clients et là, ça va mal. Les contrôleuses gagnent presque 5 400 francs net par mois et ont parfois des augmentations individuelles. On a aussi la possibilité de travailler de nuit. Les volontaires sont bien mieux payées que nous, elles gagnent plus de 6 000 francs net par mois. Mais, il faut être en pleine forme pour faire ça et tenir le coup. Car, quand on rentre de sa nuit, il reste le boulot de la maison à faire. J'aurais quelques années de moins, je passerais d'équipe de nui