Carcans (Gironde), envoyée spéciale.
«Les premiers pins ont été plantés par mon arrière grand-père, j'ai toujours pensé que mes deux fils prendraient la relève de l'entreprise familiale, mais depuis la tempête, c'est fini.» Philippe Rochette n'exclut même pas de devoir fermer les portes de sa scierie qui emploie 17 personnes à Carcans, dans le Médoc. Une perspective paradoxale, alors que l'ouragan qui a balayé la France le 27 décembre dernier a ravagé le tiers du massif des Landes de Gascogne et apporté des surplus massifs de bois sur le marché.
40 ans de manque à gagner. Partout, le paysage est dévasté: des troncs cassés comme des allumettes, des racines arrachées, des arbres couchés forment un enchevêtrement inextricable là où autrefois s'alignaient les pins odorants. Au total, 28 millions de m3 de bois ont été jetés à terre, l'équivalent de trois années de récolte, «quarante ans de manque à gagner», au rythme lent où poussent les arbres, comme le souligne Christian Pinaudeau, le secrétaire général du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest (SSSO). La Gironde, un des premiers départements forestiers de France, a été frappée de plein fouet, avec un volume sinistré estimé à 17,5 millions de m3.
Le secteur du bois, qui égale en Aquitaine le chiffre d'affaires des vins de Bordeaux (17 milliards de francs par an) est dépassé par l'ampleur des dégâts. Le cours du pin maritime, parmi les essences les moins chères d'Europe, a déjà chuté de moitié, autour de 140 francs le m3. Les bras