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Libération
Interview

Martin Khor, de Third World Net: «La mondialisation, cache sexe de la loi du plus fort».

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publié le 14 février 2000 à 22h13

Le Malais Martin Khor dirige «Third World Network», un réseau de

plus de cent ONG. Créé en 1984, quinze ans avant Seattle, TWN fait des recherches, des études, de l'analyse sur la mondialisation et possède quatre magazines dans le monde (1). Libération l'a rencontré avant son discours contre le FMI (lire page 22). Il s'explique: «Il est inutile de diaboliser la mondialisation. Mais il est utile de dire ce qu'elle est aujourd'hui: un cache-sexe de la loi des plus forts. Un modèle cynique. D'un côté, on supprime quelques dettes et, de l'autre, on diminue l'aide publique au développement: elle est à 0,22% du PIB au lieu des 0,7% prévu. La mondialisation aggrave cette hypocrisie, renforcée par les institutions censées nous aider. Le FMI? Un corset idéologique, un dogme néolibéral. Voyez les ajustements: on sacrifie une génération. L'OMC? L'abaissement des barrières douanières a ouvert les portes du Sud aux sociétés transnationales. Mais la réciprocité, en agriculture ou en textile, ne marche pas: le Nord l'a refusée à Seattle. La Banque mondiale? Elle aide à libéraliser. Vite. Mais cela devrait être progressif, avec des transferts réels de technologie. Or le savoir est, via les brevets, possession du Nord. Qu'on arrête de parler d'alternative ou de contre-programme. Je ne veux pas de nouvelle idéologie ni revenir au temps du protectionnisme autarcique. Je suis pour le système capitaliste. Mais il faut l'encadrer, le réguler, l'orienter, sinon il n'est qu'un cheval fou lancé au