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Privés de travail. Samedi, la direction de De Carbon, usine d'amortisseurs de l'Eure, interdisait l'accès du site au personnel. Hier, la production a repris. En attendant le plan social.

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publié le 18 février 2000 à 22h45

Andé (Eure), envoyée spéciale.

Hier, à 5 heures, les ouvriers de De Carbon ont recommencé à fabriquer des amortisseurs. La mort dans l'âme. L'histoire de ces ouvriers pourrait paraître banale. Il n'en est rien. Depuis cinq jours, ils réclament «du travail tout simplement». Pendant cinq jours, ils ont été «lock-outés», interdits d'usine. Samedi, à 11 heures, ceux qui s'apprêtaient à embaucher à 13 heures ont reçu «une claque dans la gueule» sous forme de lettre de la direction: «L'entreprise se trouve dans l'impossibilité absolue d'assurer le fonctionnement normal de l'établissement, tant sur le plan de la production que pour ce qui concerne la sécurité de son personnel. Il est décidé de procéder à une suspension d'activité et à une fermeture temporaire.» Elle précisait que pendant cette période le personnel ne serait pas payé. Delphi, le géant américain propriétaire de De Carbon, accuse les salariés de semer le désordre, d'avoir «commis des vols pendant l'occupation du siège social» et «proféré des menaces de mort contre la direction et un certain nombre de membres du personnel», rapporte Gérard Rulleau, porte-parole du groupe. Delphi a déposé plainte contre ces «exactions», que réfutent les salariés. Pour expliquer l'ambiance tendue, ces derniers racontent leur sentiment d'abandon. «Depuis plusieurs mois on n'a plus que deux à trois heures de boulot par jour, explique Michel. Le reste du temps, on joue au ping-pong, aux cartes. Forcément, ça tape sur le système.»

Fatal plan