Pusan, envoyé spécial.
La sculpture fait sourire les visiteurs. Ovoïde imposant devant le siège de Samsung Motors, le monument reprend le logo du deuxième chaebol (conglomérat) du pays. C'est aussi un symbole: l'éternité, en coréen. Une éternité de courte durée. La première voiture de la marque est sortie en février 1998, le groupe est aujourd'hui au bord du dépôt de bilan.
Entre mer et montagnes, a 25 km de Pusan sur la côte sud-est de la péninsule, le complexe industriel attend un repreneur. En l'occurrence Renault, qui a obtenu trois mois d'exclusivité pour les négociations. Mais pour l'instant, rien n'est encore décidé et les usines tournent au ralenti. Halls déserts, escaliers mécaniques arrêtés, bureaux vides, Samsung Motors est en état de survie. Sur les 6 000 salariés d'il y a deux ans, seuls 2 100 sont restés, gardiens et personnels de nettoyage compris. «Nous avons réduit les effectifs au strict minimum. Dix départs supplémentaires, et nous fermons la boutique», affirme Seong Kun-je, responsable des relations publiques. La visite est bien rodée. Le message entendu: «Les Français sont bienvenus. Renault, c'est le meilleur partenaire possible.» Flambant neuve. Une belle usine, mais pas de voitures. Issue des rêves de grandeur d'un président de chaebol fou de voitures, le complexe de Pusan est un projet mort-né. En pleine crise économique, Samsung Motors n'a guère eu le temps de faire sa place dans un marché déjà saturé par les géants coréens du secteur, Hyundai, Daew