Madrid, de notre correspondant.
Rarement un rapprochement entre deux entreprises avait provoqué de telles secousses sur la scène politico-économique en Espagne. L'alliance conclue le 11 février entre Telefonica les télécoms espagnoles et la banque BBVA (Banco Bilbao Viscaya Argentaria), la plus puissante du pays avec le BSCH (Banco Santander Central Hispano), n'en finit pas d'alimenter la polémique.
Fait sans précédent, elle provoque aussi la défiance de l'ensemble de la classe politique, y compris le parti au pouvoir (Parti populaire, PP, droite), au moment où le pays s'apprête à entrer en campagne électorale pour le scrutin général du 12 mars. Samedi, le leader de l'opposition socialiste, Joaquin Almunia, a demandé au gouvernement et à la Banque d'Espagne «d'intervenir de façon active» contre l'alliance BBVA-Telefonica, car, selon lui, celle-ci implique des «risques de concentration de pouvoir si élevés qu'ils sont de nature à mettre en danger l'ensemble de l'économie espagnole». La veille, la surprise est venue du gouvernement lui-même: le ministre de l'Economie, Rodrigo Rato, a averti qu'il ne laisserait «pas cette alliance se faire en l'état» afin de protéger la libre concurrence. Qu'en est-il donc de cette alliance vouée aux gémonies? Elle prévoit d'une part un croisement de participations: Telefonica s'arroge 3% de la banque, alors que cette dernière prend 10% de la compagnie de télécoms; en outre, l'accord prévoit des investissements communs dans treize secteurs,