Les deux géants qui monopolisent le marché mondial de l'art,
Christie's et Sotheby's, traversent la pire crise de leurs deux siècles et demi d'histoire. Ils sont secoués par une enquête criminelle américaine pour «entente illicite sur les tarifs». Hier la Commission européenne a confirmé à Libération avoir elle aussi lancé une enquête sur la même infraction, il y a deux semaines. A Londres, qui est après New York la grande place des ventes aux enchères, une autre procédure de ce type a été ouverte par les autorités britanniques. Même l'Australie s'y est mise" Pris dans cette tempête, Sotheby's a fait sensation mardi à New York, en annonçant la démission de son PDG, Diana Brooks, et du président du conseil d'administration, Alfred Taubman, qui est en même temps l'actionnaire principal de la société. La veille, Sotheby's avait tenu un semblant de conseil d'administration de crise à coups d'entretiens téléphoniques. Il y a deux mois c'était Christopher Davidge, directeur général, qui avait quitté Christie's en raison de ce scandale.
En France où les honoraires des commissaires-priseurs sont fixés par l'Etat , le reproche d'aligner ses tarifs sur la concurrence peut prêter à sourire. Mais aux Etats-Unis, l'accusation peut coûter des dizaines, voire des centaines de millions de dollars aux entreprises qui violent la loi anti cartel et, le cas échéant, conduire leurs dirigeants droit au pénitencier. Elle est encore plus grave quand elle vise des sociétés en situation de monopole