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Libération

Le trop-plein du harcèlement moral. Les conflits se multiplient, mais la définition reste vague.

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publié le 26 février 2000 à 22h35

Encore inconnu du grand public il y a un an, le terme de

«harcèlement» moral» débarque aujourd'hui en force dans les consultations des médecins du travail, des inspecteurs du travail, dans les conflits sociaux et aujourd'hui dans les décisions des tribunaux. Ces dernières semaines, un peu partout, des salariés ont fait grève pour réclamer le départ de leur chef persécuteur. Le directeur de l'hôpital de Mutzig (Bas-Rhin) a été démis de ses fonctions pour ce motif vendredi. Les salariés de Continent (lire page suivante) ont aussi invoqué la pression de l'encadrement.

Tous harcelés? «Peut-être pas, car le véritable harcèlement moral recèle une intention délibérée de déstabiliser, de détruire la victime», explique Marie-France Hirigoyen, psychiatre, auteur de le Harcèlement moral ou la violence perverse au quotidien. Son ouvrage, publié en septembre 1998, a servi de détonateur. En un an, 155 000 personnes l'ont acheté, beaucoup s'en revendiquent. «Attention, prévient-elle, on met aujourd'hui le harcèlement à toutes les sauces. Il cristallise toutes les violences du monde du travail.» Il n'empêche, constate Christophe Dejours, auteur de Souffrance en France, «le phénomène s'accélère bel et bien. De plus en plus de salariés en souffrent. Avec des conséquences qui vont de l'insomnie à la dépression, et même au suicide». Victimes désignées: les salariés dont on veut se débarrasser, les femmes enceintes, les fortes têtes, les fragiles, les syndicalistes.

Retard français. En l'absence d'