Faut-il s'en préoccuper? Faut-il s'en moquer? L'euro, monnaie encore
jeune, traverse une nouvelle crise de faiblesse. A la suite de l'annonce, vendredi, d'une croissance plus vive que prévue outre-Atlantique (+6,9% au dernier trimestre 1999), il a été chahuté sur les marchés des changes asiatiques, hier matin. Il a battu «son record de baisse en une seule séance», précisent les eurologues: dans la matinée, il est en effet descendu sous 0,94 dollar, en baisse de 3,7%, avant de se ressaisir par la suite sur les marchés européens. Lorsqu'il avait été lancé en janvier 1999, il cotait sur le marché 1,18 dollar.
D'un point de vue économique, les raisons de s'inquiéter sont encore minces. La baisse de l'euro a d'ailleurs plutôt aidé le made in Europe, et facilité le redémarrage économique du Vieux Continent. Certes, la faiblesse de la monnaie européenne renchérit mécaniquement les importations, ce qui peut, à terme, alimenter la hausse des prix. Mais, jusque-là, les prix sont, en Europe, sages comme des images. Selon le mandat fixé à la Banque centrale européenne, l'inflation devient menaçante au-delà de 2%; or, malgré la reprise économique, malgré le doublement des prix du pétrole, malgré la baisse de l'euro, la zone euro vit encore sous ce seuil. La plupart des instituts de conjoncture estiment que les prix ne décolleront pas non plus cette année. Par exemple, l'Institut allemand de recherche économique Ifo, à Munich, table sur une inflation moyenne de 1,8% en 2000. Vigilance. Mai