Bangkok, de notre correspondant.
La Thaïlande est devenue le terrain d'une lutte sourde qui oppose administration et travailleurs sociaux du pays aux multinationales pharmaceutiques, avec pour enjeu l'accès de médicaments antisida à bas prix pour le million de Thaïlandais affectés par le VIH. Ces multinationales, l'américaine Bristol-Myers Squibb en tête, se prévalent de leurs brevets pour réclamer l'exclusivité des droits de vente, au prix fort, de leurs produits antiviraux sur le marché local pendant vingt ans. Les Thaïlandais impliqués dans la lutte contre le sida militent pour une production générique locale de ces mêmes produits, afin d'en abaisser le prix de vente. «Beaucoup de pays en développement regardent ce qui va se passer en Thaïlande sur cette question. L'affaire a valeur d'exemple», indique le Dr Tido von Schoen-Angerer du bureau thaïlandais de MSF Belgique.
Sanctions. Ce conflit s'est intensifié récemment autour du cas de la Didanosine, ou DDI, un des éléments du cocktail de médicaments qui permet de prolonger l'espérance de vie des malades du sida d'une quinzaine d'années. Depuis des années, Bristol-Myers Squibb menace de sanctions économiques américaines pour empêcher la Thaïlande d'utiliser l'«octroi obligatoire de licence», qui permet, en cas d'urgence médicale, la production générique (c'est-à-dire sous leur dénomination commune) de médicaments brevetés. Dans le cas de l'AZT, l'un des principaux éléments du cocktail antiviral, la production locale a permi