C'est une mini-révolution que vit Lazard. La banque d'affaires, haut
lieu de la finance mondiale, fusionne ses trois maisons de Paris, New York et Londres. Pour l'occasion, elle a décidé d'ouvrir ses portes à la presse. Une première pour une institution qui a toujours cultivé le secret.
Jusqu'à peu, cette discrétion ne posait pas problème. Créée en 1848, la banque est vite devenue leader mondial dans le conseil en fusions et acquisitions, grâce à une recette simple: un carnet d'adresses bien rempli. Lazard prend des participations dans de nombreuses sociétés pour acquérir des postes d'administrateurs et être proche des patrons. Surtout, elle embauche des «associés-gérants» qui ont côtoyé le pouvoir: Anne Lauvergeon, ex-«sherpa» de Mitterrand ou récemment, Vernon Jordan, ancien conseiller de Clinton. Et leur laisse une grande latitude pour trouver et développer des affaires.
Effectif rajeuni. Les années 90 ont convaincu Michel David-Weill, dirigeant de Lazard depuis 1977, que cette stratégie ne suffisait plus. La montée en puissance de nouveaux concurrents et le développement des accords internationaux ont marginalisé la vénérable maison. Les Américains Goldmann Sachs et Morgan Stanley sont venus rafler des marchés en Europe en faisant miroiter une cotation à Wall Street. Présente sur les deux continents, Lazard aurait pu offrir le même type de services. Mais, à cause de l'indépendance des différentes maisons, qui a souvent mené à une compétition acharnée, la banque est incap