Le FMI étant une institution sévère, on était en droit de s'attendre
à un minimum de sérieux dans la nomination de son nouveau directeur général. Or, si l'on se repasse le film des événements, c'est à une farce qu'on a assisté: le Helzapoppin de la haute finance internationale. Le bilan est amer. L'Europe, incapable de présenter un bon candidat du premier coup, en ressort humiliée face aux Etats-Unis, maîtres du jeu de Bretton Woods. La tradition qui veut que le directeur général du FMI soit un Européen est remise en cause: à l'avenir, exigent de nombreux pays, la compétence devra prendre le pas sur la nationalité. Accessoirement, enfin, l'Europe sociale-démocrate est contrainte d'introniser un candidat de droite. Les metteurs en scène de ce fiasco diplomatique n'étant autre que l'Allemagne et la France, il y a de quoi s'interroger sur la santé du couple, et au-delà, sur celle de l'Union européenne.
Dès l'annonce, en novembre, de la démission de Michel Camdessus, Gerhard Schröder, sans consulter personne, a présenté un candidat: Caio Koch-Weser, son vice-ministre des Finances. Première erreur. Paris a aussitôt toussé, jugeant le profil de l'homme bien faiblard. Les Etats-Unis ont affiché le même scepticisme. Mais Schröder a insisté de façon absurde.
«Présenter un candidat qui de toute façon sera bloqué par les Américains ne sert pas les intérêts de l'Europe», disait-on à Paris. Raisonnement solide, mais non suivi. Malgré le soutien discret de la Grande-Bretagne et de l'Italie (