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Libération
Interview

Alexandre Brachet, dégoûté par le milieu, a décidé de fermer sa start-up: «Iil nous faudrait un bon krach».

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publié le 13 mars 2000 à 22h54

Alexandre Brachet, 26 ans, est cofondateur d'Upian.com, une agence

de design pour sites web créée en juillet 1998. Aujourd'hui, il ferme son entreprise, car l'«entreprenaute» ne veut pas devenir un «friconaute».

Que reprochez-vous aux start-up?

J'en ai ras le bol, une overdose de «point com». Quand je lis partout «Bienvenue dans la vie.com», j'ai envie de dire: «C'est pas beau, la vie. com. C'est beau pour France Télécom, mais pas pour les internautes.» Je suis écoeuré par cet étalage publicitaire et par cette déferlante de fric. Voilà cinq ans que je travaille dans l'Internet. Pendant cinq ans, personne n'y a cru. Tout d'un coup, tout le monde ne jure plus que par ça. Des gens te passent devant en rigolant. Je ressens une certaine aigreur.

Pourquoi ne pas en profiter?

Je me sens l'âme d'un chef d'entreprise. Avec Upian.com, on a créé un business solide. On n'a jamais bluffé. On a construit une activité rentable (150 000 F de bénéfices pour 1 million de chiffre d'affaires). On a grossi petit à petit, grâce au travail, pas à des spéculations. C'est ça l'aventure humaine. Aujourd'hui, ce modèle ne tient plus. La Net économie, c'est tout l'inverse. On bascule dans l'esbroufe, dans le doute. D'où la spéculation.

Vous voyez un krach se profiler?

Je le souhaite. Un bon krach serait sain. L'Internet redeviendrait intéressant.

Pourtant, on ne peut pas réduire l'Internet à sa dimension économique.

La pression est trop forte. Je pensais que l'Internet permettait d'échapper à la télévision,