Patienter pour mieux rebondir. Sachant que son projet de fusion à
trois, avec le canadien Alcan et le suisse Algroup, serait retoqué (Libération du 14 mars), Pechiney a préféré retirer son dossier initial des mains de la Commission européenne. Pour mieux le présenter dans les semaines qui viennent et aboutir début juin à cette opération stratégique avec, cette fois, la bénédiction que Bruxelles devrait finir par accorder. Il était moins une: «Nous nous apprêtions à interdire cette fusion», a confirmé hier après-midi Mario Monti, le patron de la Commission.
L'embêtant pour Pechiney, c'est qu'il se retrouve dans le rôle de celui qui a pris le risque de faire capoter l'opération. C'est ainsi qu'on présente les choses à Bruxelles. Vu de Paris, on ne voit pas l'affaire de la même façon. Le groupe français semble plutôt victime de l'intransigeance de son partenaire Alcan qui refuserait d'abandonner l'une de ses plus belles places fortes européennes.
Explication: en Allemagne, Alcan contrôle 50% de l'usine d'Alunorf, l'une des plus grosses unités de laminage dans le monde. Le problème est qu'un autre producteur d'aluminium, VAW, filiale de l'allemand VIAG, détient lui aussi 50% d'Alunorf. Or, dans ses calculs de positions dominantes ou non, Bruxelles inclut la totalité d'Alunorf dans le périmètre de la fusion Pechiney-Alcan-Algroup. Ce qui conduirait le trio à occuper effectivement une position dominante outre-Rhin.
La solution qu'aurait préconisée Bruxelles? Qu'Alcan sorte purement et