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Libération

Pas de larmes pour Mamma Fiat. Le rachat par General Motors marque la fin d'un mythe ouvrier et capitaliste.

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publié le 20 mars 2000 à 23h30

Turin, envoyé spécial.

«Alors qu'est-ce qu'on est? On est Américains ou Italiens?» Devant la porte numéro 2 de Mirafiori, celle qui donne accès aux ateliers de carrosserie de l'immense usine Fiat de Turin, Antonio Serratore, tente vainement de faire entendre sa voix. Encerclé par une rangée de journalistes, le secrétaire national des Démocrates de gauche (ex-PCI), Walter Veltroni, venu faire campagne pour les régionales d'avril, ne l'a pas remarqué. Devant ce qui fut le plus grand complexe industriel d'Europe, avec 60 000 ouvriers, et un bastion de la gauche italienne, le responsable politique assure, quelques jours après la prise de participation de 20% de Fiat Auto par l'Americain General Motors (1): «Il s'agit d'un accord important, et pas seulement pour les perspectives qu'il ouvre vers de nouveaux horizons de développement.» Alors qu'au même moment à Rome, son collègue de parti et chef du gouvernement, Massimo D'Alema, affirme lui aussi que «l'accord constitue un bien pour l'Italie», Walter Veltroni promet aux quelques dizaines de personnes qui l'écoutent: «Les organisations syndicales et les forces politiques veilleront au maintien de l'emploi.»

Au bout de cent ans d'hégémonie sur l'économie italienne, Fiat change radicalement de visage mais la plupart des ouvriers qui viennent prendre leur tour à Mirafiori jettent à peine un coup d'oeil en direction du petit attroupement. «De toute façon, que ce soit les uns ou les autres, les Américains ou les Agnelli, il faut toujours