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Libération

Un boulet au pied des marchands de canon. Ils sont sous la menace d'une loi anti-pots-de-vin. La panique gagne.

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publié le 20 mars 2000 à 23h30

C'est la panique chez les industriels français. Et notamment ceux de

l'armement, corrupteurs notoires. Depuis un mois, ils passent au crible tous leurs contrats. Cherchant la faille qui pourrait, à partir de l'été prochain, les envoyer pour plusieurs années en prison. Le 23 février, dans la plus grande discrétion, l'Assemblée nationale a décidé de supprimer du projet de loi contre la corruption internationale, approuvé par le Sénat, un article qui avait été rédigé spécialement par le gouvernement ­ Bercy et le ministère de la Défense en tête ­ pour permettre aux industriels français de continuer à verser des commissions sur des contrats signés avant l'entrée en vigueur de la loi (prévue pour l'été prochain). Demain, une commission mixte paritaire doit se réunir pour tenter de mettre d'accord Sénat et Assemblée nationale. Mais elle a peu de chances d'y parvenir: le Sénat veut assouplir le projet au maximum, l'Assemblée ne pense qu'à le durcir. Les députés ayant le dernier mot, le projet devrait passer sans le fameux article réclamé par les industriels.

Branle-bas de combat. D'où le branle-bas de combat au siège des entreprises françaises. Celles-ci n'ont plus que quelques mois pour «lisser» les contrats actuels et se préparer pour les suivants. «Vous ne pouvez pas savoir les sommes colossales qui sont en train de quitter le territoire français», confie un marchand de canons. Il s'agit de verser d'un coup le solde des commissions promises, ou de mettre de l'argent de côté hors d