La faillite d'Iridium est sans équivalent dans l'histoire
industrielle des deux derniers siècles: la perte pure et simple de 5 milliards de dollars (42 milliards de francs) ne s'était encore jamais vue au terme d'un délai aussi bref. Par son ampleur, seul le fameux scandale de Panama, qui a englouti près d'1,2 milliard de francs de l'époque, peut se comparer à Iridium. A cela prêt que les satellites lancés seront détruits. Le canal, lui, n'a jamais été rebouché" L'affaire commence en 1880: Ferdinand de Lesseps lance la Compagnie universelle du Canal interocéanique pour financer les travaux. Sept ans plus tard, nouvel appel de fonds qui nécessite le feu vert de la Chambre des députés: la corruption bat son plein pour obtenir le vote des intéressés. Le scandale éclate. En 1889, la liquidation de la Compagnie laisse un million de petits actionnaires sur le carreau. Le canal sera construit par les Américains. Situation qu'offrira presque Eurotunnel un siècle plus tard: des millions de petits actionnaires ont souscrit à des augmentations de capital mais la facture du tunnel s'envole au-delà de 100 milliards de francs et l'action se traîne depuis en Bourse à la grande fureur d'associations de petits porteurs. Comparable dans sa brutalité et sa soudaineté à l'affaire Iridium, le scandale de la banque Barings en 1995, n'aura finalement coûté «que» 8,5 milliards de francs. Les acrobaties financières de Nick Leeson, son trader vedette à Singapour, ont carrément mis la banque de la Rei