Dunkerque, envoyée spéciale.
«On est vraiment, On est vraiment phé-no-mé-nal! Lalala lalala! On mérit-rait. On mérit-rait d'être-dans-l'jour-nal! Lalala lalala"» La chanson est empruntée au carnaval de Dunkerque. 250 poumons la claironnent tous les jours à la fin de chaque assemblée générale qui décide la reconduction de la grève des salariés d'Aluminium Dunkerque. Au début, on la chantait dans le restaurant d'entreprise, pour rigoler, avant de retourner couler des plaques de rebut d'aluminium, dans cette «vraie fausse» grève qui oblige les grévistes à travailler pour ne pas abîmer leur usine occupée.
Prime. Depuis une dizaine de jours, la direction est revenue, à la faveur d'un jugement du tribunal. Désormais, les grévistes préfèrent chanter sous la verrière du patio central, entre les palmiers et les ficus. «Ça résonne mieux», ironise un gréviste. Et l'endroit est mieux choisi: juste sous les fenêtres de la direction.
Mais, en trente et un jours de grève, la chanson a perdu de sa jovialité. On chante plus fort, on fait hurler les cornes de brume. Pour crier sa colère et persuader la direction qu'on tient encore le coup. Un mois, c'est long. «Le steak, il se paie pas en jours de grève», reconnaît Michel Marquant, délégué FO. Dominique Wailly, délégué CGT, rassure: «A la fin du mois, la fiche de paie affichera zéro, mais la direction s'est engagée à verser la prime d'intéressement, d'environ 12 000 F.» Les municipalités de la région, presque toutes socialistes ou apparentées,