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Libération

De nouvelles bouteilles pas vraiment secouées. Les contraintes de production brident l'imagination des créatifs.

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publié le 25 mars 2000 à 23h17

On retrouve à Suresnes (Hauts-de-Seine), dans des locaux de noir et

de carmin, Jean-Pierre Goujard et Sophie Romet, respectivement ingénieur et directeur associée chez Dragon Rouge, principale agence de design industriel française. Il a suivi la conception de la bouteille plastique que vient de lancer Heineken, elle assure la promotion d'une fiole dite, dans le milieu, «très shapable» (prononcer «chépébeul»). C'est-à-dire qu'elle tient bien dans la main.

La conception d'un tel objet est moins simple qu'il n'y paraît. La technologie est récente et les problèmes à résoudre récurrents. Et il aura bien fallu une petite année, «un délai finalement assez court», entre le moment où le client Heineken a frappé à la porte et la sortie commerciale du produit. Le processus de création est en effet lié aux impératifs industriels et les facéties des designers sont souvent sacrifiées à l'aune de la rentabilité. Explications.

Idées au tamis. On commence simple: le brasseur exprime ses souhaits et contraintes en forme et en volume. Une quinzaine d'idées sont rapidement proposées par les créatifs, quelques-unes seulement sont validées. «Pour ce qui est des contenants, il existe naturellement des contraintes de hauteur et de diamètre, explique Jean-Pierre Goujard. Parce que dans la bière, la cadence d'embouteillage est tellement rapide que les bouteilles s'entrechoquent, toujours aux mêmes endroits, créant des points faibles qu'il s'agira de renforcer. Ce qui signifie que nous n'avons pas beauco