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Libération

Précarité à durée indéterminée. L'audiovisuel applique déjà le modèle proposé par le Medef.

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publié le 30 mars 2000 à 23h11

Au hit-parade des secteurs d'activité les plus flexibles,

l'audiovisuel arrive en bonne place. Véritable laboratoire du contrat de travail mutant. A la télévision et à la radio, les salariés sont systématiquement embauchés en contrats à durée déterminée pour une grille de programmes, de septembre à juin. Si l'émission reste programmée, ces «contrats de grille» sont reconduits d'une saison sur l'autre. Résultat, les salariés empilent les CDD bien au-delà des 18 mois autorisés par la loi. L'astuce des employeurs? Ne pas lier le sort des salariés à leur activité de production qui, elle, est permanente. Mais suspendre les contrats de travail au succès des émissions et établir des contrats de mission, c'est-à-dire d'émission. Ainsi, l'emploi suit la courbe de l'Audimat.

Les employeurs de l'audiovisuel habillent leurs monstres juridiques de noms fantaisistes. Il y a le «CDI d'antenne», croisé sur France 3. Le «CDM» (contrat à durée minimale), très prisé à Canal +. Le «contrat d'objet» à Radio-France. Tous sont des cousins du «contrat de chantier», monnaie courante dans le bâtiment. TF1 a d'ailleurs envisagé d'importer les contrats de chantier sur ses émissions. Avant de reculer. La filiale du groupe Bouygues s'est heurtée au refus des syndicats.

Ces contrats atterrissent régulièrement aux Prud'hommes. Or, depuis dix ans, une jurisprudence constante se constitue en faveur des salariés. En fait, les patrons s'abritent derrière une dérogation du Code du travail: dans certains secteurs,