Madrid, envoyé spécial.
Bien avant que l'homme blanc ne colonise l'Afrique, en Ethiopie, au Burundi, au Rwanda ou ailleurs, existaient des royautés migratoires: le roi se déplaçait sans cesse sur son territoire afin de réaffirmer son pouvoir et administrer ses sujets. La Banque centrale européenne (BCE) renoue avec la tradition de ces royaumes éthiopiens: de plus en plus consciente que son enfermement dans une tour francfortoise la tient éloignée des opinions publiques, elle a décidé de se déplacer à travers l'Euroland deux fois par an. Hier, elle s'est réunie pour la première fois hors de la capitale financière allemande, à Madrid, dans l'impressionnant bâtiment de la Banque centrale espagnole. Le 19 octobre, elle déplacera à Paris, et ainsi de suite jusqu'à ce que les onze capitales de la zone Euro ait reçu la visite de ce caravansérail monétaire (1).
«Il faut renforcer le visage de la BCE auprès des citoyens», a plaidé hier le gouverneur espagnol, Luis Angel Rojo, «afin de ne pas apparaître comme une institution étrangère et lointaine». La mise en scène de la traditionnelle conférence de presse a donc été modifiée pour faire passer le message. Rojo a pu prendre la parole, alors que d'habitude, seuls Wim Duisenberg, le président de la BCE, et Christian Noyer, son vice-président, s'expriment à l'issue de la réunion des six membres du directoire et des onze gouverneurs nationaux. La traduction était aussi disponible en espagnol, en plus de l'anglais, de l'allemand et du frança