Tiens? On n'entend plus personne dénoncer les ravages des 35 heures
sur l'emploi. Il y a deux ans pourtant, les économistes et les patrons se bousculaient pour dénoncer la loi «imbécile», qui, selon le CNPF (futur Medef), «contribuerait à augmenter le chômage en réduisant la croissance». Aujourd'hui, les même commencent à trouver la croissance presque un peu trop vive; ils agitent le risque de surchauffe et évoquent les difficultés qu'ont les entreprises à embaucher.
Les 35 heures ont contribué à la baisse du chômage, même si cette contribution reste modérée. Les économistes constatent que, depuis un an, on observe en France une création d'emploi plus forte que ce que le taux de croissance (3,4% en 1999) aurait dû entraîner. «Dans ce surcroît d'emplois créés, quelle est la contribution des 35 heures, quelle est celle des allégements de charges? Il est très difficile de le dire», commente Michel Didier, directeur de Rexecode, un institut de recherche proche du patronat.
50 000 emplois. Difficile, mais pas impossible. L'Insee, qui n'est pourtant pas connu pour être un repaire d'amoureux de la RTT (réduction du temps de travail) avance une estimation. Dans sa dernière note de conjoncture, publiée jeudi, l'institut de statistiques estime que la réduction du temps de travail a permis la création nette d'environ 50 000 emplois en 1999, soit 13% du total des emplois créés pendant l'année, ce qui n'est pas négligeable. L'allégement des charges sur les bas salaires aurait permis 20 000