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Libération
Analyse

Un libéralisme sans complexe

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Le Medef habille son projet avec l'euphorie de la croissance.
publié le 6 avril 2000 à 0h16
(mis à jour le 6 avril 2000 à 0h16)

Longtemps on s'est persuadé que Reagan et Thatcher n'auraient jamais un émule français digne d'eux. Et par extension, que l'Europe continentale ne connaîtrait jamais cette «révolution de la liberté et de la responsabilité» qui fait disparaître les «Etats-providences», s'effondrer les «archaïsmes» et fleurir des cycles et des cycles de prospérité. Erreur: pour la France, cet homme existe enfin, son discours est certes moins idéologique que celui des deux Anglo-Saxons mais il en a la cohérence et l'ampleur, il n'est pas politicien, mais patron des patrons, avec la flexibilité pour viatique, la transparence pour vertu (ne vient-il pas de déclarer son salaire?), la France de la modernité tient son héros. Il était temps.

BIG-BANG. On aurait cependant tort de rire. Non seulement les propositions d'Ernest-Antoine Seillière et du Medef s'installent dans le débat (ce qui est notable) mais, de surcroît, certaines font déjà l'objet de négociations, de marchandages et ont donc toutes les chances de se voir ­peu ou prou ­ traduites un jour dans le réel. Or dans sa conception, dans sa philosophie générale comme dans ses conséquences pratiques, ce programme constitue un tel big-bang politique et social qu'il est impossible de faire semblant de les ignorer. De la même manière que l'on aurait tort de considérer cette «refondation» comme une revanche politicienne du Medef (l'ancien CNPF) sur les gouvernements Mauroy (la retraite à 60 ans) ou Jospin (les 35 heures) qui l'ont ja