Berlin, de notre correspondante.
«Les Allemands ne sont-ils pas doués pour jouer les global-player?» Au journal télévisé de 13 heures, hier, le visage de la présentatrice est aussi grave que la question posée. Un jour après l'annonce de l'échec du projet de fusion entre la Deutsche et la Dresdner Bank, au prétexte d'un désaccord sur l'avenir d'une filiale de la Dresdner, l'heure est à nouveau aux sombres interrogations sur la survie des entreprises nationales dans le grand bain de la mondialisation.
Le choc a été massif, à la mesure des ambitions qui avaient été annoncées il y a moins d'un mois encore: former «la plus grande banque du monde», capable de narguer les plus grandes banques d'affaires américaines, les Merrill Lynch, Morgan Stanley et autre Goldman Sachs. L'un des principaux responsables du fiasco, le patron de la Dresdner Bank, Bernhard Walter, a dû présenter sa démission dès hier et annoncer son remplacement par un autre membre du directoire, Bernd Fahrholz. Quant au patron de la Deutsche Bank, Rolf Breuer, il s'est accroché à son poste, mais sa tête est aussi réclamée, notamment par les syndicats et les associations d'actionnaires.
«Le dommage est d'autant plus grave pour la réputation des banques allemandes qu'elles voulaient se concentrer sur la banque d'investissement, et notamment le conseil aux entreprises qui veulent fusionner, observe Thomas Hartmann-Wendels, directeur de l'institut des affaires bancaires de l'université de Cologne. Or, qu'a-t-on constaté?