Belfort, envoyée spéciale.
C'était le 15 mars. Ce jour-là, 10 000 personnes manifestaient dans les rues de Belfort, 50 000 habitants, pour protester contre la suppression de 1 100 emplois dans les différentes unités du groupe Alstom. Il y avait là les salariés mais aussi leur famille, des enseignants, des artisans, le patron de la FDSEA, des retraités, les élus locaux, des «Peugeot», venus par solidarité. Les commerçants du centre-ville avaient baissé leur rideau. La mairie et le conseil général du Territoire de Belfort étaient fermés. Le premier adjoint au maire et ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, avait envoyé un message de soutien: «Notre ville est frappée au coeur.» Toute la région s'était mobilisée pour la défense de «son» usine, qui est à Belfort ce que Michelin est à Clermont-Ferrand. Même proximité, même familiarité. Ce matin, 500 personnes iront manifester à Bruxelles: des salariés des deux entreprises concernées par les suppressions d'emploi ABB Alstom Power (850 postes sur 2 300) et Alstom ferroviaire (285 postes sur 888) mais aussi des Belfortins émus de voir l'avenir se refermer sur eux.
Faits d'armes. Les Alstom veulent croire qu'ils peuvent l'emporter et en donnent pour preuve leurs faits d'armes passés. En 1979, l'usine avait été occupée pendant deux mois. Les salariés y avaient gagné le 13e mois, de conséquentes augmentations de salaires et des jours de congé supplémentaires. Alors pourquoi ne pas recommencer? «Refaire 1979, et pourquoi pa