Josephkro (Côte-d'Ivoire), envoyée spéciale.
Pour arriver à Josephkro le «village de Joseph», en baoulé , il faut quitter le goudron et cahoter douze kilomètres sur une piste défoncée. De chaque côté s'étale la forêt de cacaoyers, leur tronc couvert de grosses gousses vert pâle, violettes ou jaune d'or, selon la maturité du fruit. Puis les cases carrées en banco et au toit de paille, les marmites noircies par le feu et les femmes qui s'affairent. Un jeune garçon porte sur la tête le sac de jute rempli de fèves de cacao qu'il vient de peser. Devant la maison du chef, on a sorti les chaises à l'abri d'un auvent. Les hommes, du moins ceux qui ne sont pas aux champs, forment un cercle autour du vieux Joseph. Aujourd'hui, le fondateur du campement reçoit un hôte de marque: le président de la coopérative. Et chacun est convié à exprimer ses doléances. «Le prix de cette année, franchement, il nous arrange pas du tout, dit un cultivateur. Ils disent que c'est 3 francs le kilo, mais hier encore on l'a vendu à 2,50 francs. L'argent qu'on a, c'est comme rien. On a beaucoup de main-d'oeuvre à payer, il faut envoyer de l'argent aux familles, de l'argent pour que les enfants puissent aller à l'école, pour les livres. On est obligé de prendre des crédits et, là, c'est très difficile de rembourser. Même si tu as cinq hectares, aujourd'hui, tu ne peux pas t'en sortir.»
«Cacao-papier».
Le cultivateur montre d'un air désolé sa récolte séchant au soleil, pépites noires et jaunes étalées sur