Jean-Pierre Rodier jette l'éponge. Le PDG de Pechiney n'a pas
attendu la date limite du 30 avril pour prendre sa décision: il renonce au mariage géant entre son propre groupe, le suisse Algroup et le canadien Alcan, sous la houlette de ce dernier. L'opération aurait donné naissance à APA, propulsant le trio au deuxième rang mondial de l'aluminium. Depuis quelques jours, semble-t-il, Jean-Pierre Rodier avait pressenti qu'Alcan refuserait de se plier aux injonctions de Mario Monti, le commissaire européen à la Concurrence. Ce dernier exigeait qu'Alcan cède à un tiers les 50% qu'il contrôle au côté de Viag, l'un de ses concurrents, dans la très stratégique usine de laminage d'Alunorf, en Allemagne (Libération du 15 mars). «Le canadien et ses actionnaires ne voulaient à aucun prix se désengager d'Alunorf, dans laquelle ils ont investi plus de 3 milliards de francs. Cela l'aurait obligé à réorganiser entièrement son dispositif outre-Rhin et en Europe», explique un analyste financier.
Redistribution des cartes. Pechiney se retrouve bien seul sur un marché mondial de l'aluminium en pleine redistribution des cartes: la fusion entre Alcan et Algroup n'est pour le moment pas remise en cause par Bruxelles, tandis que l'alliance prévue des américains Alcoa et Reynolds devrait créer un numéro 1 mondial de la profession, marginalisant de fait les autres acteurs. «Nous ne sommes pas isolés. Pechiney sera au centre des futures restructurations», assure pourtant Jean-Dominique Sénard, directeu