On peut reprocher beaucoup de choses à Jean-Luc Lagardère. Mais on
ne peut lui nier un certain génie tactique. Choisi par le gouvernement Jospin pour sortir l'aéronautique française de la nasse dans laquelle elle s'était enfermée, l'entrepreneur privé a quasi achevé sa mission hier. Les Italiens de Finmeccanica ont en effet confirmé qu'ils choisissaient de se rallier à EADS, constitué du français Aerospatiale-Matra, de l'allemand Dasa et de l'espagnol Casa (Libération de vendredi), plutôt qu'à l'anglais BAE Systems. C'est une victoire presque inespérée pour les Français et les Allemands.
Il faut remonter à 1998 pour saisir l'immensité du chemin parcouru. L'anglais British Aerospace (devenu BAE Systems) et l'allemand Dasa ne cachent alors plus leur volonté de fusionner, les deux groupes privés en ont assez des blocages de l'entreprise publique française Aerospatiale. La panique gagne les autorités et les industriels de l'Hexagone. Si BAE et Dasa fusionnent, la France devient minoritaire dans Airbus, dont les avions commencent à faire de l'ombre à ceux de Boeing et à rapporter beaucoup d'argent. Et, surtout, BAE et Dasa étant les principaux constructeurs du chasseur Eurofighter, la France devient isolée dans les avions de combat, avec un Dassault tout seul et un Rafale invendable. Le cauchemar.
Zorro. Jospin pense alors à Lagardère. Ce sera son Zorro, son chevalier blanc. Certes, l'homme est proche de Chirac, mais il incarne jusqu'à l'excès le secteur privé et se bat depuis tre