Menu
Libération

Télécoms: l'Etat schizophrène.

Article réservé aux abonnés
publié le 20 avril 2000 à 23h57

Drôle d'attelage que celui du gouvernement et de France Télécom.

Premier actionnaire de France, à la tête de 63% du capital de l'opérateur public, le gouvernement se doit de faire fructifier son patrimoine. D'un autre côté, en tant que chef opérateur de l'ouverture du secteur à la concurrence, il est censé se faire hara-kiri tous les jours.

L'attribution des fréquences pour la troisième génération de téléphonie mobile, dite UMTS, le met à rude épreuve. Quelle tentation pour l'Etat de suivre l'exemple de l'Angleterre. Là-bas, défrayant tous les pronostics, une poignée d'opérateurs se déchirent: hier, au 140e round des enchères, ils n'étaient plus que six en lice, prêts à mettre sur la table l'équivalent de 219 milliards de francs! Tentante, la cagnotte! Du coup, le gouvernement, poussé dit-on par l'aile frondeuse de sa majorité plurielle, s'est donné un petit temps de réflexion. Certes, il n'est pas question d'organiser des enchères. Le régulateur a convaincu le gouvernement qu'il fallait choisir les élus à l'issue d'une soumission comparative, dite encore «concours de beauté»: on retient les candidats qui s'engagent à fabriquer les plus beaux réseaux. Mais l'Etat se dit qu'il pourrait tout de même relever sensiblement les redevances annuelles ­ on évoque en coulisses une base de 10 milliards de francs échelonnés sur quinze ans. Juste à l'opposé des intérêts de l'Etat-actionnaire et de son poulain France Télécom, candidat à l'UMTS et qui devra donc cracher davantage au bassinet