Drôle d'attelage que celui du gouvernement et de France Télécom.
Premier actionnaire de France, à la tête de 63% du capital de l'opérateur public, le gouvernement se doit de faire fructifier son patrimoine. D'un autre côté, en tant que chef opérateur de l'ouverture du secteur à la concurrence, il est censé se faire hara-kiri tous les jours.
L'attribution des fréquences pour la troisième génération de téléphonie mobile, dite UMTS, le met à rude épreuve. Quelle tentation pour l'Etat de suivre l'exemple de l'Angleterre. Là-bas, défrayant tous les pronostics, une poignée d'opérateurs se déchirent: hier, au 140e round des enchères, ils n'étaient plus que six en lice, prêts à mettre sur la table l'équivalent de 219 milliards de francs! Tentante, la cagnotte! Du coup, le gouvernement, poussé dit-on par l'aile frondeuse de sa majorité plurielle, s'est donné un petit temps de réflexion. Certes, il n'est pas question d'organiser des enchères. Le régulateur a convaincu le gouvernement qu'il fallait choisir les élus à l'issue d'une soumission comparative, dite encore «concours de beauté»: on retient les candidats qui s'engagent à fabriquer les plus beaux réseaux. Mais l'Etat se dit qu'il pourrait tout de même relever sensiblement les redevances annuelles on évoque en coulisses une base de 10 milliards de francs échelonnés sur quinze ans. Juste à l'opposé des intérêts de l'Etat-actionnaire et de son poulain France Télécom, candidat à l'UMTS et qui devra donc cracher davantage au bassinet