Les chefs d'entreprise font de l'«intelligence économique» comme M.
Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Heureusement que les spécialistes de la défense sont là pour les en avertir. Dans un «amphi» de l'Ecole militaire, à Paris, le très officiel Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) avait réuni hier une brochette d'experts et plus de 600 étudiants de grandes écoles, civiles et militaires, tous «décideurs de demain». Il s'agissait de «favoriser leur prise de conscience» du fait que «l'information est une matière première stratégique».
Bonne gestion. Apparue en France aux cours des années 90, la notion d'intelligence économique est une simple traduction de l'anglais: intelligence comme dans Central Intelligence Agency (CIA) ou dans Intelligence Service. La réalité n'a pourtant guère à voir avec l'espionnage industriel ou les «grandes oreilles» d'Echelon, système d'écoutes anglo-saxon. L'intelligence économique «est un outil capable de détecter des menaces et des opportunités de toute nature dans un contexte de concurrence exacerbée», expliquent Bernard Besson et Jean-Claude Poissin (1). Bref, de la bonne gestion.
Les entreprises l'ont compris depuis longtemps. Certaines en ont même fait un métier, comme Pouey International. Installée à Bordeaux, cette société, fondée en 1885, se spécialise à l'origine dans les prix du transport. Même si elle se consacre désormais au recouvrement de créances, elle a développé ses activités dans le renseignement d'affair