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Libération

«La Vache qui trahit» Saint-Félix. Les 340 salariés refusent la délocalisation de l'usine Bel.

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publié le 22 avril 2000 à 23h53

Saint-Félix (Haute-Savoie), envoyée spéciale.

Saint-Félix, 1 500 habitants, sa route nationale, son auberge du Clocher, son café de la Place, sa boulangerie et son usine de Vache qui rit. Le bourg de Haute-Savoie a vécu pendant un siècle en harmonie avec la fromagerie Picon, rachetée en 1968 par le groupe Bel. Seulement, à partir de juin 2001, le village va devoir apprendre à vivre sans elle. Le 13 avril, brutalement, le groupe Bel a annoncé son intention de fermer le site qui emploie 340 personnes.

«Le diktat du fric». L'histoire banale d'une restructuration est pourtant en train de prendre un tour inattendu. Les salariés, soutenus par les syndicats CGT, FO et CGC, ayant décidé de ne pas se laisser faire. Pas question pour eux d'accepter «le diktat du fric». Pas question de prendre acte de la décision de la direction. Pas question de discuter reclassement, mutation ou départ en préretraite. Depuis une semaine, les débrayages se multiplient dans les ateliers. Hier, tous les salariés ont manifesté sur la nationale qui traverse le village, gênant la circulation du week-end. «Le groupe gagne des sous, Saint-Félix est l'usine la plus productive de France, s'emporte Dominique, et voilà comment on est remercié: à coups de pompe dans le cul!» En tête de cortège, les hommes font sonner les clarines devant une banderole brocardant la Vache qui rit, les femmes ferment la marche, blouse blanche de travail ornée de slogans anti-Bel. «On travaille jour et nuit dans cette boîte, explique M