Menu
Libération

Les spéculatrices se préparent un veuvage doré. En Californie, les clubs de Bourse remplacent les réunions de cuisine.

Article réservé aux abonnés
publié le 25 avril 2000 à 23h51

Newport Beach (Californie du Sud), envoyée spéciale.

Les dames autour de la table ont sorti leurs gros classeurs, les derniers relevés de Wall Street, étalé les pages «Business» des journaux, les publications spécialisées dans la Bourse (Technology and Telecommunications Quaterly, Yahoo Finance" on est loin des conseils de beauté), chaussé leurs lunettes et se sont mises au travail. C'est la réunion mensuelle des MOM's («mamans»), ou Managers of Money Stock Club, un club de femmes qui investissent en Bourse.

Fini les clubs de lecture ou les recettes de cuisine: avec les chiffres miraculeux du Nasdaq ­ la Bourse des valeurs de haute technologie ­ et du New York Stock Exchange ­ la Bourse des valeurs classiques, symbolisée par l'indice Dow Jones ­, tout le monde se sent l'âme d'un spéculateur. Chaque jour, de nouveaux clubs d'investissement en Bourse se créent, par affinités ou par copinage ­ quinze à Newport Beach ­, et ils rassemblent déjà 730 000 Américains. Leurs portefeuilles d'actions additionnés avant le crack d'avril s'élevaient à 175 milliards de dollars.

Pauvres. Les MOM's ­ style relax californien, baskets et pulls confortables ­ ne sont pas des professionnelles. Mères ou grand-mères, sans profession, femmes au foyer. Pendant des années, le mari a géré ­ et gagné ­ l'argent pendant qu'elles s'activaient dans l'aide aux pauvres. Et c'est ainsi qu'elles se sont rencontrées, à la National Charity League de Newport Beach (ville plus connue pour ses régates que pour sa vi