C'était en décembre 1993. Volvo venait de répudier Renault. Louis
Schweitzer, tout récent patron de la «Régie» en tira une amère leçon. «Nous sommes le plus petit constructeur généraliste européen.» De quoi filer le bourdon à un flamboyant manager, qui voyait lui échapper in extremis la place de patron d'un groupe Renault-Volvo auquel il avait travaillé d'arrache-pied pendant trois ans. C'est lui qui avait patiemment vissé tous les boulons de l'alliance avec le suédois, marié les équipes de direction, mêlé les projets. Et ce monument d'horlogerie a été détruit par l'arrogance du ministre de l'Industrie français, Gérard Longuet, qui, devant les caméras, avait effrayé les actionnaires suédois, les petits en particulier. L'Etat français allait mettre la main sur le fleuron de l'industrie nordique. Tout fut annulé en catastrophe.
La discrète cérémonie d'hier fut au contraire empreinte de simplicité et on prit bien garde de respecter l'indépendance d'esprit des actionnaires suédois qui se réuniront aujourd'hui pour dire «oui» à Renault. Leif Johansson, le patron de Volvo, pourra plaider, avec raison, que le groupe avec qui il propose de s'allier n'a plus rien à voir avec celui de 1993. Louis Schweitzer en sept ans a en effet réussi à révolutionner son entreprise.
Eloignement. Premier chantier, mettre de la distance entre l'entreprise et l'Etat. Louis Schweitzer, malgré l'échec de la fusion avec Volvo, obtient d'Edouard Balladur en 1994 l'ouverture du capital. Mais l'Etat reste maj