A l'en croire, Leif Johansson a eu du mal à dormir les nuits
précédant l'annonce officielle du rachat de Volvo voitures par le constructeur américain Ford. Une décision terrible, a-t-il avoué. Il ne doit plus savoir combien de fois on lui a posé cette amère question: «Alors, quel effet ça fait de vendre Volvo?» C'était en janvier 1999. L'inconcevable venait d'arriver. Volvo, la plus suédoise des compagnies du royaume, était dépecée et la partie voitures vendue aux Américains. Leif Johansson, le pdg de Volvo, eut beau dire qu'il s'agissait là de la façon de garantir l'avenir de Volvo, il entrera avant tout dans l'histoire comme l'homme qui a vendu le joyau suédois.
Discret. Aujourd'hui, il reste toutefois le patron de Volvo. Volvo Camions seulement, certes. Mais un patron qui sait imprimer sa marque, ce qui n'est pas évident vu le lourd passif dont il a hérité. D'abord vint Pehr G. Gyllenhammar le flamboyant, l'empereur, le patron de droit divin, qui a régné sans partage sur Volvo pendant vingt-trois ans avant d'échouer sur le projet de fusion Renault-Volvo en 1993 et d'être victime d'un putsch mené par Sören Gyll, son bras droit, qui devint aussi son successeur. Gyll le nettoyeur remplit deux missions: débarrasser Volvo de Gyllenhammar, lequel s'était fait trop d'ennemis, et recentrer les activités de Volvo sur ses activités traditionnelles, véhicules et moteurs. En 1997, mission accomplie, il laisse la place à l'un des jeunes patrons les plus doués de sa génération, chargé