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Libération
TRIBUNE

Vers la dictature du patronat?

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L'idée de la refondation sociale n'est qu'un pas de plus vers une société libérale où les retraites, l'assurance chômage ou le système de santé sont dynamités.
par Marc BLONDEL, secrétaire général de Force ouvrière.
publié le 27 avril 2000 à 23h47

Le dossier de la refondation sociale initié et porté par le Medef est au coeur des évolutions de la société, donc étroitement lié aux conflits d'intérêts qui la traversent.

Pour le Medef, les intervenants prioritaires étant plus que jamais l'actionnaire et le consommateur, l'employeur est celui qui doit synthétiser la relation entre l'actionnaire et le consommateur, le premier cherchant à maximiser son placement, le second à optimiser sa dépense. Dans ce schéma, l'employeur est pris en tenaille et se retrouve naturellement dans le même bateau que ses salariés. Dès lors, la représentation de ces derniers appelle un syndicalisme impliqué dans la gestion, remisant son caractère revendicatif. Quant à l'Etat, son rôle économique doit se borner à limiter les dépenses publiques, à réduire les prélèvements et à assurer l'exercice de la libre concurrence, ce qu'on appelle la régulation. D'où la volonté médéfiste d'individualiser les relations sociales, de remettre en cause les rapports loi-contrat, la structure des relations contractuelles, le rôle des organismes paritaires et leur champ d'activité.

La formule de constitution sociale, préalablement revendiquée, était explicite. Sa connotation politique révélait la volonté patronale de tacler la loi au profit de l'ordre des corporants. En accordant ainsi aux signataires des accords un rôle quasi législatif, le Medef s'éloigne de la conception républicaine et notamment de l'égalité de droit au profit d'une logique corporatiste ou d'inspi