Pour le gotha new-yorkais, c'était la fête à ne pas manquer. Ce week-end, le New Yorker, magazine qui a fasciné des générations d'Américains, fêtait en grande pompe ses 75 ans. Toutes les plus grandes plumes qui ont fait sa gloire étaient invitées: V.S. Naipaul, Julian Barnes ou Stephen King. La presse locale a consacré moult colonnes et photos à cette revue qui s'est toujours fait un point d'honneur de prendre comme collaborateurs les écrivains les plus en vue du moment et de faire de la qualité littéraire son premier critère de publication.
Trouble-fête. Cet anniversaire très attendu a cependant aussi été marqué par une inextinguible controverse et de nombreux débats sur le déclin d'un magazine dont la première couverture le dessin d'un aristocrate portant un monocle est devenue le symbole. Depuis le début de l'année, pas moins de sept livres ont été écrits sur le New Yorker, et beaucoup n'hésitent pas à assurer que le titre, si longtemps associé à la meilleure société new-yorkaise, a perdu de son authenticité et ressemble désormais à n'importe quelle autre publication. Un commentaire généralement considéré comme une insulte par les lecteurs fidèles.
Parmi les voix dissidentes, celle de Renata Adler, une ancienne collaboratrice du magazine, de 1963 à 1989. Dans son ouvrage au titre évocateur (Gone, littéralement «parti»), la journaliste assure que la culture et l'esprit qui étaient à l'origine du New Yorker ont désormais «totalement disparu». L'auteur, s