Un mois après sa chute spectaculaire (- 9,7% le vendredi 14 avril),
le Nasdaq s'est rappelé aux bons souvenirs des investisseurs. L'indice des valeurs de croissance américaines a baissé de 5,6% mercredi, pour atteindre un des plus bas niveaux de l'année. Hier, le Nasdaq était reparti à la hausse. Mais les investisseurs peuvent-ils pour autant souffler? Pour André Orléan, chercheur au CNRS et auteur du Pouvoir de la finance, (1) la baisse est symptomatique de la remise en cause de la «convention Internet». Cet économiste hétérodoxe rappelle que ce phénomène a des précédents dans l'histoire de la finance.
Comment analysez-vous les récents soubresauts boursiers?
Ce qui s'est passé dernièrement est d'une banalité tout à fait classique. La «convention Internet», qui dit grosso modo que la croissance future des entreprises du Net atteindra des niveaux très importants a dégénéré en engouements mimétiques brutaux. Les marchés ont perdu leur caractère discriminant: on n'a plus fait de différence entre les bonnes et mauvaises sociétés.
Les agents pensent que les lois économiques se sont transformées. C'est l'idée qu'il y a toujours quelque chose de nouveau, qu'on n'avait jamais connu avant. On a ainsi cru que les start-up n'avaient plus besoin de faire des bénéfices et qu'elles auraient une croissance sans limite.
Mais la croyance finit toujours par se déliter. Le mouvement de correction se produit quand les faits économiques arrivent en contradiction avec les faits de la convention. Lors