Golbey, envoyée spéciale.
D'ici quelques jours, la région d'Epinal devrait connaître un paradoxe inédit: la gigantesque papeterie qui trône au milieu de la forêt ravagée par la tempête de décembre va arrêter de consommer du bois pour produire son papier journal. Faute de moyens supplémentaires pour traiter les arbres tombés et cassés, faute d'aires de stockage adaptées pour que le bois garde une qualité suffisante. D'ici quelques jours, à cause des insectes, de l'humidité, l'usine devra faire basculer ses machines sur de la pâte à base de fibres recyclées. Le vieux papier va devenir la matière première principale de la papeterie, qui produit 600 000 tonnes de papier journal grâce à deux machines géantes. L'usine ne se contente pas de battre les records en gigantisme, elle détient le record du monde de vitesse de production du papier. Inutilisable, il ne reste plus au bois d'industrie qu'à pourrir à même le sol.
La papeterie, du groupe norvégien Norske Skog, a pu «voler» au secours des exploitants forestiers lorrains en leur proposant d'acheter plus de bois pour faire tourner ses équipements, grâce à une particularité: ses machines acceptent à la fois les pâtes à base de bois, et celles à base de papiers recyclés.
La plupart des usines qui fabriquent elles-mêmes la pâte à papier, choisissent d'utiliser l'une ou l'autre des matières premières. Rarement les deux à la fois, comme à Golbey. «Quand on produit du papier pour l'écriture, on est obligé d'utiliser du bois pour des raison