Eurotunnel risque encore de vivre une assemblée générale agitée
aujourd'hui à Londres, puis demain à Paris. Le trafic sous la Manche est certes stabilisé, à défaut d'être rentable. Mais l'instruction judiciaire menée par la juge parisienne Dominique de Talencé, qui a récemment mis en examen six dirigeants d'Eurotunnel (1) et quatre banquiers, est en train de réveiller les vieux démons. L'épais rapport (400 pages) commandé par la juge démonte rétrospectivement comment banquiers et constructeurs responsables successifs d'Eurotunnel se sont ouvertement moqués du monde en général, du petit porteur en particulier. Après les peccadilles (les salaires des principaux dirigeants compris entre 2 et 4 millions de francs par an alors qu'Eurotunnel accumulait les déboires financiers), on en vient au coeur du scandale: la diffusion d'informations trompeuses, pour appâter l'épargnant; le délit d'initié, l'enrichissement des pros de la finance au détriment du béotien. Une mécanique impeccable, prévue dès l'origine du casse, pardon, du projet du siècle.
1 Le faux bilan.
Ce terme n'est pas encore prononcé, mais il transpire de l'expertise judiciaire commandée par Dominique de Talencé. Tout tourne autour de l'augmentation de capital d'Eurotunnel réalisée en mai 1994, la troisième du genre. Une «augmentation de capital sauvage», selon le témoignage d'un banquier de la Swiss Bank Corporation (SBC) qui a participé à l'opération. Devant la juge d'instruction, il a rappelé l'enjeu: ça passe ou ç