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Libération
Interview

«La Banque centrale européenne doit prendre un risque». L'exemple de la Fed n'est pas à suivre, selon l'économiste Christian de Boissieu.

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publié le 17 mai 2000 à 1h10

Christian de Boissieu est professeur d'économie à l'université

Paris-I (Sorbonne).

La BCE va-t-elle suivre la Fed en relevant elle aussi ses taux?

D'une manière générale, la BCE est suiveuse, même lorsqu'elle donne l'impression de prendre des initiatives. Ce fut notamment le cas en mars. A l'époque, la BCE avait remonté ses taux avant la Fed, du coup nous avions le sentiment qu'elle devenait une grande fille. Mais ensuite, lorsque la Fed a relevé les taux à son tour, la BCE avait l'air toute nue. D'une manière générale, si la Fed relève ses taux et que la BCE ne suit pas, cela donne un argument supplémentaire aux investisseurs pour vendre de l'euro. A force d'imiter la Réserve fédérale, la forte croissance américaine se répercute dans nos taux. Mais nous sommes bien obligés de constater qu'un relèvement des taux en Europe n'a toujours pas provoqué une remontée de l'euro face au dollar.

L'arme des taux d'intérêt a donc des limites?

Oui, car le fait de monter les taux n'est pas une assurance tout risque pour le taux de change. Mais en même temps, le fait de ne pas remonter les taux risque de provoquer encore un peu plus de défiance par rapport à l'euro.

Comment devrait réagir la BCE?

Au point où en est l'euro, la BCE doit prendre un risque. Elle ne doit pas imiter la Fed en augmentant ses taux" en tout cas, pas trop vite. Bien sûr, les marchés veulent à la fois de la croissance économique et des rendements élevés. C'est pourquoi les investisseurs internationaux empruntent dans la z