Pas facile d'être «donneur d'ordre» en temps de conflit des
convoyeurs de fonds. Hier, depuis Cannes, Bernard Thibault, a emboîté à son tour le pas des ministres Chevènement et Gayssot qui, mercredi, appelaient déjà les «clients» à assumer leurs responsabilités (Libération d'hier). Le secrétaire général de la CGT estime que les banques et les grandes surfaces devaient «être considérées comme des acteurs habilités à la négociation et ayant des responsabilités à assumer».
Ce concert fait chaud au coeur de Jean-Michel Houry, PDG de la Brink's, numéro 1 du transport de fonds. «Nous sommes désormais d'un optimisme mesuré, explique-t-il. Nous sentons un consensus pour sortir de cette crise. Pour ce qui concerne la sécurité, nous ne pouvons pas faire face seuls à ce qu'impliquent les mesures réclamées, à juste titre, par nos convoyeurs.» Les patrons alignent les chiffres: gilets pare-balles de classe supérieure, armes et munitions de 1re catégorie, camions blindés, prime de risque de 1 500 F par mois pour les 4 500 convoyeurs, de 3 000 F par an pour les «dabistes», etc. «C'est environ 1 milliard de francs sur cinq ans qu'il faut financer», calcule Jean-Michel Houry.
Peu de profits. Or, le chiffre d'affaires du secteur ne dépasse pas 1,7 milliard de francs par an. «Même les grosses entreprises mettront la clé sous la porte, si elles doivent se débrouiller par elles-mêmes.» En fait, l'activité transport de fonds n'est pas «juteuse». Elle n'est pas non plus en expansion: la masse de cash