La chute est aussi brutale que la croissance fut météorique. A leur réveil, hier, les 300 employés de Boo.com apprenaient la faillite de la société. Créée voici un an et demi pour vendre des vêtements à la pointe de la mode sur le Web, Boo. com a «brûlé» les 120 millions de dollars (882 millions de francs) investis par quelques noms prestigieux dont Bernard Arnault, Alessandro Benetton et la banque d'affaires JP Morgan. Les sommes englouties paraissent encore plus colossales comparées aux recettes cumulées: à peine 1,3 million de dollars fin février" Mégalomanie des fondateurs, développement incontrôlé, dérapage des coûts, l'histoire de Boo.com est celle d'une fantasmagorie. Elle incarne la démesure financière régnant dans le secteur de l'Internet. «C'était la parfumerie du coin devenue l'Oréal en deux jours», schématise un ancien employé. Basée à Londres, la start-up était devenue une multinationale en quelques semaines, ouvrant des bureaux dans six pays, dont la France.
Charme. L'histoire commence dans une boîte de nuit parisienne. Deux amis suédois rencontrés en crèche, Ernst Malmsten et Kajsa Leander, se retrouvent un soir de 1992. Ils s'associent, lancent une maison d'édition en Suède, puis une librairie en ligne. L'affaire, revendue en 1998, les enrichit. Ils envisagent alors «quelque chose de plus important» dans la mode, un secteur «amusant et contemporain», que Kajsa Leander, ancien mannequin, connaît bien: un site d'avant-garde, ultra sophistiqué. L